Trésors engloutis

Port Royal - La Pompéi des Caraïbes

Port-Royal en Jamaïque ! Un nom célèbre ! Ian Fleming y a vécu tous les hivers dans sa villa de Goldeneye, écrit ses romans et tourné la plupart des James Bond.

 

Les piratologues savent que c’est là que se déroulent les scènes majeures du film Pirate des Caraïbes qui reconstitue la cité et les prisons où Jack Sparrow, un temps enfermé est libéré par l’équipage du Black Pearl. Enfin, et c’est notre propos, le fameux forban Henry Morgan en fut le Gouverneur.  Évoquer Port-Royal c’est réveiller bien des fantômes et de souvenirs de trésors engloutis.

 

La Sodome du Nouveau Monde

 

En 1655 les Anglais s’emparent de la Jamaïque. Situé sur une île de la large baie de Kingston Port-Royal en devient la capitale. Deux ans après, pour se protéger des Espagnols qui tentent de reprendre la Jamaïque le gouverneur Edward D’Oley invite les « Frères de Côte » à le rejoindre. Les frères sont une association de boucaniers très organisée et très règlementée. Mais ce sont des pirates ! On leur octroie des lettres de marque qui en font officiellement de valeureux corsaires au service de l’Angleterre pour harceler les galions des fameuses Flottes de l’or espagnoles.  Port-Royal devient ainsi l’une des villes les plus prospères de la région et, en 1600, on y compte une taverne pour dix habitants. L’or et le rhum coulent à flots, salles de jeux et lupanars confèrent à la capitale la réputation sulfureuse de « Sodome du Nouveau Monde ». Charles Leslie, dans son histoire de la Jamaïque, fait une belle description des forbans de Port-Royal : « Le vin et les femmes tarissent leurs biens à un niveau tel que [...] certains d’entre eux sont forcés de mendier. Ils étaient connus pour dépenser deux ou trois mille pièces de huit en une nuit. On raconte qu’un pirate en donna 500 à une fille pour la voir nue. Il était de coutume d’acheter un tonneau de vin, le déplacer sur la route et obliger chaque passant à y boire. »

 

Port-Royal est donc devenu le paradis des flibustiers. La prostitution et d’autres crimes y prospèrent. Le gouvernement, qui dépend des pirates pour se défendre, se contente de laisser faire, jusqu’à favoriser le célèbre forban Henry Morgan et le nomme gouverneur, adoubé par le roi lui-même. Morgan est à la tête d’un fabuleux trésor. Exmelin qui fut son chirurgien nous raconte comment il l’a surpris par hasard en train de dissimuler de magnifiques pierres précieuses dans une cache de son canot préféré. Il meurt pieusement en 1688 emportant le secret de son butin et après avoir pourchassé tous ses frères d’arme.

 

Spectres et trésors engloutis

 

Port-Royal grandit. Les habitants continuent de construire sur des zones sableuses et saturées d’eau. Ils érigent de hauts et lourds bâtiments en brique de style anglais. Le 7 juin 1692, à 11 h 43, un puissant séisme frappe la Jamaïque. Le sol se liquéfie et s’écoule vers le large. Les deux tiers de la cité s’enfoncent dans les flots, y compris le port, le centre-ville et une grande partie des fortifications. Un tsunami atteint les côtes. Les habitants périssent noyés et les survivants seront décimés par la famine et les épidémies. Les fantômes de Port-Royal, seconde ville d’Amérique après Boston, se comptent par milliers.

 

Henry Morgan lui-même est devenu, dit-on, un spectre errant sur les océans. Son tombeau disparait en effet dans le puissant tremblement de terre, engloutissant à jamais le secret d’un inestimable magot. Morgan hante les salons de spiritisme où il se manifeste sous l’identité d’un certain John King. Quelle passion de l’interroger : pensez donc, s’il pouvait lâcher quelques indices ! Florence Cook (1856–1907), célèbre médium anglaise aurait réussi à photographier son ectoplasme et celui de sa fille, Katie.  Les rumeurs ne disent pas si le spectre lui a révélé la cache de ses trésors. Mais il aurait aussi déclaré d’une voix d’outre-tombe : « au cours de ma longue vie, j’ai connu de nombreuses fins, mais un seul début… Ça ne finit jamais. Depuis cette nuit, il y a près de deux siècles, à chaque fois que je meurs, je retourne toujours dans l’eau… »  Punition terrible pour celui qui n’en buvait jamais et donné son nom à une célèbre marque de rhum ! 

 

Aujourd’hui, Port-Royal n’est plus qu’un petit village niché dans ce qui est devenu le port de Kingston, sur la côte sud-est de la Jamaïque. Il reste peu de vestiges de son passé – sauf ceux qui reposent, bien conservés, sous huit mètres d’eau. L’endroit baptisé le Pompéi des Amériques, est considéré comme le site archéologique sous-marin le plus important dans l’hémisphère occidental. Et là encore gisent les nombreuses épaves de voiliers coulés dans ce terrible après-midi de 1692, toutes chargées de trésors.

 

Jean-Marie Quiesse - 04 juin 2023

Les flottes de l'or

 

De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

 

José Maria de Heredia

 

 

On estime à près de cinq cents le nombre d’épaves de somptueux galions de la Flotte d’or reposant au fond des océans : dans ces cimetières dorment des milliards[1].

 

 

La carrera de Indias : un fleuve d’or coule en Atlantique

 

Dès 1492 et durant quatre siècles, un fleuve d’or coule en effet à travers l’Atlantique dans un couloir de cinq cents kilomètres de largeur, la Carrera de Indias, monopole de l’Espagne et du Portugal garanti par l’Église de Rome. Les cargaisons en provenance d’Amérique sont le fruit de terribles rapines et d’une exploitation minière où la presque totalité des Indiens laissera sa vie. Inversement un flux grandissant de colons franchit l’Océan.

 

 

Les Caravelles volent sur les océans

 

La galère, spécialité de Venise, est un vaisseau léger et très maniable. Mais il résiste mal aux longues traversées et nécessite beaucoup de rameurs. C’est pourquoi les expéditions au-delà des Colonnes d’Hercule se font avec l’agile Caravelle. Mais comme elle n’est pas assez grande, le galion, descendant de la caraque, grosse nef ronde à deux-ponts, à trois ou quatre mâts, parfois équipée d’avirons (galéasse) assure le transport des marchandises.

 

 

Les galions voguent sur un fleuve d’or

 

L’Espagne créée en 1503, la Casa de Contratation pour administrer le commerce vers les Indes et former des pilotes. Cette vénérable institution va vivre près de trois siècles et dicter sa loi. Les cartes marines y sont gardées secrètes, aucun missionnaire de pays maritime n’est admis à bord ; enfin, les matelots doivent se taire. Mais les histoires exotiques et les récits de trésors finissent alimentent les rumeurs des docks où l’on entend parfois quelqu’un revenant de ces pays de Cocagne en vanter la prodigalité. L’état de grâce va donc rapidement prendre fin et la guerre de course apparaître, d’autant que le lourd galion est une proie facile.

 

 

L’invention du convoi excite les convoitises

 

Pour éviter les flibustiers, l’Espagne invente le convoi, une file de voiliers escortée par un navire de guerre. Ces Flottes de l’or d’une centaine de vaisseaux apportent régulièrement le butin d’Amérique et repartent avec des colons et des produits manufacturés.

 

Plus le trafic est intense plus le nombre de pirates et de corsaires grossit. Une grande violence prend la place des bonnes manières. Désormais on ne compte plus les massacres et les nez coupés. La concurrence se fait rude et les jeunes forbans vont de succès en succès. Ainsi la chasse au trésor est largement ouverte pour les Normands, Rochelais et Basques.

 

Les Anglais perturbent le jeu des puissances

 

Mais voilà qu’en 1541 les Anglais se mêlent au jeu. Maintenant anglicans, libérés du joug papal de Rome et de son contrôle sur les voies maritimes, ils partent à leur tour conquérir les océans. Le catholique est l’ennemi. Ils se joignent bientôt au trafic naissant des « pièces d’Inde », c’est-à-dire des esclaves africains destinés à remplacer les travailleurs indiens éradiqués. Une fois la cargaison débarquée les capitaines se transforment en pirates. De gros actionnaires, dont la famille royale investiront dans ce très fructueux commerce. La défaite de l’Invincible Armada le 6 aout 1588 va permettre à l’Angleterre de détenir la maîtrise des mers et donc du trafic commercial.

 

 

Les Hollandais font leur place

 

En 1600 une très forte escadre hollandaise pille Las Palmas. En 1628, près de Cuba, le capitaine Piet Heyn réussit à mettre la main sur quinze navires chargés de milliers de pièces d’argent. Dans cette ambiance agitée, un Français, Pierre Legrand trouvera encore, avec seulement vingt-six hommes, le moyen de s’emparer d’un grand galion et de ses six cents occupants. En 1665 il revient à Dieppe riche et célèbre.

 

 

Le 5 octobre 1804 marque la fin des « flotas ». En pleine période de paix, quatre bâtiments anglais voleront encore trois frégates espagnoles et leurs cinq millions de piastres d’argent. Ce sera le dernier convoi et la dernière bataille du genre. Côté Pacifique, partant du Mexique, le Galion de Manille effectuera ses traversées sans discontinuer de 1572 à 1811.

 

Jean-Marie Quiesse - Janvier 2022

 

 Retrouvez ma rubrique radio dans l'Heure maritime

 


[1] À Thomazi – Les flottes de l’or – Payot, 1978

 

Les piastres et les chemises de Noël Jouin prêtre et corsaire

L'Etoile du roi - Navire corsaire de Saint Malo
L'Etoile du roi - Navire corsaire de Saint Malo

Voici l’histoire hors normes d’un capitaine corsaire chapelain de Madame la belle sœur du roi Louis XIV, maître de l’oratoire du régent, missionnaire apostolique, mais aussi subrécargue et contrebandier, capitaine de navires, armateur, directeur de commerce interlope sur la mer du sud avec les colonies espagnoles (Chili, Bolivie, Pérou et Mexique), plaideur, monteur d’affaires, agent matrimonial. Un peu pirate et surtout escroc de haute voilure.

 

Un vrai Malouin

On le dit brave à l’excès, ne connaissant pas la peur, risquant sa peau pour gagner de l’argent, mais aussi grand dispensateur de la foi catholique. C’est un des personnages les plus curieux de la vieille cité. Né le 27 mai 1672 à Saint Malo rue de la Vinaigrette (Vieux rempart). Noël (ou Emmanuel) fréquente l’école de la rue du Cheval blanc. Très bon élève il est ordonné prêtre en 1697.

 

La guerre de course et le transport de bois d’ébène font alors partie des coutumes et, foin de morale, on disait que l’aumône rachète le péché ce qui convenait à l’Église, car les corsaires se montraient généreux. La course est légitime et approuvée par la religion.

 

Trafic en Mer du Sud

Après un premier embarquement en 1698, il est très intéressé par l’évangélisation des peuplades de la Terre de Feu, mais aussi par l’échange de la belle toile de Bretagne contre des lingots d’argent de cuivre et d’or, du cacao ou du caoutchouc. Il recherche également la coca épice très convoitée. La route vers les Mers du Sud (Pacifique), alors propriété exclusive des Espagnols entraîne des expéditions secrètes, que l’état appellera sobrement « aller aux découvertes ». Ainsi les Malouins vont explorer à fond le détroit de Magellan.

 

Le 23 janvier 1706, La Confiance et le Brilhac quittent Saint-Malo. Passant le Cap Fréhel les marins se disent, selon la coutume « déliés du serment de fidèlité », et on raconte que les femmes leur donnaient la réciprocité. Après bien des péripéties, les navires reviennent en France chargés à ras bord de richesse. Comment échapper aux taxes royales ?

 

Une île au trésor et un coffre vide

Juste avant la rade de Lorient, il y a Groix, dernière station avant la route Port-Louis/Versailles. Les scellés d’écoutilles ne sont pas encore posés par les autorités que les Malouins y débarquent en catimini leur précieuse cargaison. Des piastres, il y en avait partout, même dans le sable des plages. L’île au trésor c’est Groix[1].

 

Les gendarmes savent bien que tout remonte vers Saint-Malo. On appelle ça le tropisme malouin. Des pandores déguisés en matelots sont placés sur le trajet présumé. Les Malouins flairent le piège, c’est la nuit, dans le creux des talus, que les richesses cheminent. Mais la vague d’or qui monte vers Saint-Malo et les soupçons qui pèsent sur les capitaines déclenchent l’ire du Roi. Les arrestations pleuvent. Jouin est incarcéré. Pour lui, c’est Dieu que l’on offense et se crée un formidable élan public de solidarité pour l’absoudre. L’abbé promet aussi sa sœur, encore mineure, en mariage à un capitaine de vaisseau très en vue. Si l’on découvre les coffres, dit-il, c’est par la dot qu’il sera pardonné. Libéré oublie la promesse de mariage. Durant l’interminable procès qui suit, on trouve les coffres chez l’un de ses amis. À l’ouverture, grosse déception, il ne contient que des pierres de carrière.

 

Chapelain royal et amoureux des mers

Entre temps l’abbé Jouin reçoit de nombreuses décorations et se fait nommer aumônier de Madame, belle sœur du roi. Entre aventuriers, ils s’entendent très bien. » J’ai un chapelain, disait-elle, qui m’expédie la messe en un quart d’heure ! C’est tout à fait mon affaire. »

Enfermé après l’affaire du coffre, puis libéré à la mort de Louis XIV, il s’absente pour naviguer à nouveau. Il participe au montage de l’expédition Martinet qui se termine en désastre, la totalité des neuf navires ayant été arraisonnés par les Espagnols.

 

Il va alors se lancer dans l’immobilier et les travaux publics pour agrandir de façon durable saint Malo avec du bon granit normand des îles Chausey. Il disparaît définitivement et mystérieusement à 48 ans.

 

Voici l’épitaphe que lui dédie Etienne Dupont, un de ses biographes : « Voici, Mesdames et Messieurs, l’abbé Noël Jouin, né à Saint-Malo en 1672 ; aumônier de Marine, plus connu sous le nom d’Aumônier des Corsaires, il s’occupa aussi d’armement ; il avait le génie du négoce plus que celui du Christianisme ; il vendit, sur la côte de l’Océan Pacifique, appelé alors la Mer du Sud, des millions d’aunes de toile pour faire des chemises à des gens qui n’en portaient pas ! »

 

Jean-Marie Quiesse mai 2021

 


[1]3 705 353 piastres =  2 355 795 829,46 euros environ 2 milliards d’Euros

Du nouveau sur La Buse

Bernard Baudouin, grand spécialiste de La Buse vient de publier un beau dossier sur ce célèbre pirate et son trésor. Il dit "

 

"J'ai été lancé dans cette affaire par la lecture du bouquin de Mr J. F. Deniau "Dictionnaire amoureux de la mer et de l'aventure", où il cite le cryptogramme non déchiffré censé mener au trésor de La Buse. Je me suis piqué au jeu, mais j'ai été ébahi par l'incohérence des interprétations publiées. A ce moment je suis tombé chez un ami sur les textes anciens concernant Madagascar, de Grandidier, et j'ai entrepris d'y comprendre quelque chose."...

La suite https://olivier-levasseur-dit-la-buse.blog4ever.com/articles

Les cartes au trésor de William Kidd

 

Un siècle sépare les exploits de La Buse et de William Kidd. Et pourtant, mis part le fait d’avoir été forbans puis pirates et  d’être pendus haut et court, ils possèdent bien d’autres points communs : on ne connaît pas vraiment leur véritable identité ni leur date de naissance,  ce furent de grands stratèges et de grands capitaines qui ont parcouru les mers du globe.  Ils ont laissé de passionnants indices sur l’emplacement de leur trésor et surtout, bien que sanguinaires, ils ont le privilège d’avoir fait rêver bien des générations.  Ainsi le capitaine Kidd a inspiré la nouvelle de Poe, le « scarabée d’or ». L’écrivain spécialiste des mystères maritimes Harold T Wilkins prétendait même qu’il en était la réincarnation.

 

1. Marin, armateur, homme d'affaire

William Kidd est un marin. D’abord simple pirate, il devient capitaine forban chez les Anglais. Une razzia à Marie Galante (1689) lui rapporte un large butin.[1] En 1689 on le retrouve à New York où marié,et propriétaire terrien. Mais il commerce toujours sur son bateau l’Antigua. Il crée une entreprise et obtient un nouveau contrat de corsaire (1695) qui donne  « plein pouvoir et l'autorité au Capitaine William Kidd, Commandant du navire pour appréhender, saisir et garder  …les pirates de n'importe laquelle nation…ainsi que les marchandises et richesses trouvées à bord ». Bref le voilà chasseur de pirates.

 

2. Du corsaire au pirate

Son  bateau, l'Adeventure Galley est une galère mixte (à voile et à rame) à tirant armée de 34 canons. Comme le butin est maigre, Kidd se mue peu à peu en pirate tout en continuant à jouer de son statut de corsaire anglais. Après plusieurs arraisonnements, dont le navire du Grand Moghol (Aurangzeb) pourtant allié des Anglais,  il décroche le gros lot au large de la côte indienne. En mettant la main sur le Quedagh Merchant, un voilier arménien chargé d’or, de pierres précieuses, d’argent, de soie, de sucre et de fusils. Par stratagème, ce navire avait hissé un pavillon français alors qu’il était en fait originaire d’un pays allié des Anglais ! Capitaine Kidd est embarrassé. Au lieu de ramener sa prise à Boston comme le stipulait son contrat, il l’emmène à l’île Sainte-Marie, repaire des pirates où il abandonne sa galère. Sur le Quedah Merchant rebaptisé l'Adventure Prize  il rejoint les Caraïbes.où il apprend qu’il est l’objet d’un mandat royal d’arrestation.

 

3. De bons placements "offshore"

Il poursuit néanmoins jusqu’à New York sur un nouveau sloop, l’Anthony, enfouissant d’autres richesses ici ou là, y compris sur l’île de Gardiner  (2 millions d’Euros) au long de Nord Island (île de Wight).  C’est à Boston qu’il est arrêté. Transféré à Londres on le pend le 23 mai 1701, à marée basse. La corde casse, on récupère le condamné dans la vase pour le pendre à nouveau. Après avoir été recouvert à trois reprises par la marée, comme c'était la coutume, son corps fût dépendu, cerclé de fers et de chaînes, enduit de goudron et exposé pendant deux longues années à Tilbury, un endroit où tous les marins entrant ou sortant du port de Londres pouvaient le voir et ainsi recevoir cette terrible mise en garde

 

4. La chasse aux trésors de William Kidd

Hubert Palmer est un passionné du trésor de Kidd et acquiert tous les indices possibles : en 1929 un antiquaire trouve cachée dans le « bureau de Kidd » une première carte au trésor ; en 1932 un vieux loup de mer découvre dans le faux fond d’un coffre ayant appartenu à Kidd une seconde carte ; la même année, une troisième est mise à jour dans un coffre du maître d’équipage de l’Adventure Galley ;1934 un quatrième dessin est extrait d’un coffret ; 1939 un cinquième dissimulé derrière un miroir. Ils sont authentifiés par le British Museum. Kidd a essaimé ses richesses un peu partout . D’autres cartes ont en effet indiqué des lieux probables qui excitent toujours la curiosité des chercheurs. Mais les quatre parchemins principaux dessinent un archipel île en mer de Chine. Les recherches du contemporain Albert Fagioli permettent de le localiser comme Taling Ngam,enThaïlande. Les cartes sont bourrées d’énigmes,de devinettes et de pièges, mais le trésor principal de « 20 turtles », c’est-à-dire 20 coffres (14 millions d’Euros) serait bien enterré au cœur de l’île principale deTaling.  

 

Jean-Marie Quiesse - Avril 2020

 



[1] Hewetson a écrit sur le raid dans son journal

 

Les navires engloutis de la ruée vers l'or

« It was in the year eighteen forty-nine », dit la célèbre chanson de marins « The Banks of Sacramento » que l’on trouva dès 1849 dans le cahier de chants du baleinier « La grange ». La plupart des équipages attirés par la fièvre de l’or ont déserté dès leur arrivée à San Francisco et la ville s’est construite sur les épaves de centaines de voiliers  abandonnés.

 

 

Lorsque John Sutter débarque à San Francisco vers 1840[1], il n’a trouvé que des huttes de pêcheur. C’est sur son domaine que,  le 24 janvier 1848, le charpentier James Marshall découvre de l’or. Venus de partout, armés de pelles et de simples batées, certains orpailleurs improvisés découvrent des pépites exceptionnelles. Le télégraphe annonce bientôt la nouvelle au monde entier. C’est alors que commence la fameuse ruée vers l’or et l’arrivée de centaine de milliers de « forty niners ».

 

On estime que 1.300 Bretons ont eu la fièvre de l'or[2], pour moitié des marins de Saint-Malo, Paimpol et Nantes. [3] L’écrivain Mark Twain[4] un temps prospecteur, décrit bien cette «route de la fortune» qui va s’étendre bien au-delà de la rivière Américan.

 

 

Au moment de la ruée vers l’or, le commerce maritime est florissant. Ici ce ne sont pas des trésors qui furent engloutis, mais les voiliers par centaines. En effet, si les navires affluent à San Francisco, ce que l’on sait moins c’est que la plupart de ces bateaux ne repartiront jamais. Les quais et les docks de San Francisco deviennent alors une forêt de mâts quand des centaines de voiliers y sont abandonnés. Les habitants les transforment alors en entrepôts, magasins, tavernes, hôtels et un servit même de prison23. Nombre de ces navires furent, plus tard, détruits et utilisés comme remblais afin d'augmenter la surface des terrains constructibles pour faire face à l'explosion de la demande. En effet, selon les lois en vigueur à l’époque, on pouvait couler un bateau et réclamer la terre située dessous. Les quais ont été transformés en routes. La zone située au pied de Market street était autrefois un plan d’eau et le littoral s’étendait jusqu’à l’endroit où s’élève la Transamerica Pyramid. C’est aujourd’hui la San Francisco moderne sous laquelle les travaux font ressurgir de temps à autre des épaves enfouies.

 



[1] Blaise Cendrars dans son ouvrage « l’Or »,

[2] Olivier Le Dour et Grégoire Le Clech – les Bretons dans la ruée vers l’or – Portes du large, 2012

[3] Rien que pour l’année 1849, les forty-niners (les «quarante- neuvards» ou «gars de 49») sont plus de 90 000 à gagner la région de la rivière American. En 1855, ils seront 300 000. On estime que 1.300 Bretons ont eu la fièvre de l'or[3], pour moitié des marins de Saint-Malo, Paimpol et Nantes.

[4] Dans son livre « Mes folles années »

 

Henry Morgan et l'or du Pérou

Captain Morgan est un rhum  de Porto Rico. Mais Henry Morgan, apparemment  paisible planteur de Jamaïque était en fait un cruel flibustier. Il avait hérité du surnom de Fléau des Caraïbes.  

 

Piètre capitaine vu le nombre de ses naufrages, il bénéficie néanmoins de la protection du  gouverneur anglais, sir Thomas Modyfort. Nommé officiellement amiral de 2000 flibustiers, il conquiert, pille, massacre, viole et détruit.

 

Sa plus belle conquête, à la tête de 35 navires,  est Panama, surnommé la "Coupe d'or",  port espagnol où transitaient les tonnes d’or venant du Pérou.  Anobli et nommé gouverneur de la Jamaïque, il est enterré en 1688 avec des obsèques nationales.Il avait fait don d'une partie de son trésor à des religieux. Mais où est passé le reste?

 

Selon Hervé Michel, Henry Morgan aurait caché son trésor quelque part au Vénézuéla. Une expédition Claude Kepler penche plutôt pour  l’île à vaches, ancien repaire de pirates près d'Hispaniola. L'Oxford, navire d'Henry Morgan y explosa, dit-on, dans la baie Ferret lors d'une soirée de beuverie.

 

Jean-Marie Quiesse - novembre 2018

 

Voir la video Henry Morgan et l'or du Pérou

Mouillage contemporain à l'île aux vaches

 


[1] Il a perdu quatre navires

 

L'étrange machine d'Anticythère

https://www.youtube.com/watch?v=VRug6qKbqCgLes trésors engloutis ne sont pas seulement affaires de numéraire. Très souvent il s’agit d’œuvres d’art, d’objets pratiques et parfois d’intrigants mystères. 

 

Mon hommage est dédié aux pêcheurs d’éponges de la mer Egée, et plus particulièrement au capitaine Demetrios Kondos et son scaphandrier Elias Stadiatis ou (Lykopantis).

 

Vers Pâques 1900, aux environs de l’île de Anticythère, près du redouté cap Malée, ils ont découvert l’épave d’un grand navire chargé de trésors. Plutôt que jouer les pilleurs, ils ont troqué  leur vêtement de scaphandrier pour les vêtements du dimanche afin de déclarer leur trouvaille à Athènes. Un grand merci pour leur honnêteté qui a permis de rendre à la lumière une quarantaine d’œuvres d’art dont le célèbre éphèbe d’Anticythère, œuvre originale supposée être de Lysippe[1].

 

Mais, parmi les trouvailles,  ce qui intéresse particulièrement les marins, et les scientifiques, c’est une étrange machine constituée d’une trentaine de roues dentées, de cadrans, d’aiguilles. Vieille de 2300 ans c’est sans doute le plus vieil instrument de navigation connu. Son secret ne sera vraiment découvert que très récemment : ce tout premier calculateur analogique permet de connaitre  les positions pour un jour donné de la lune, du soleil, des astres visibles. Il faudra attendre 1370 avec la création de la première horloge[2] pour retrouver une telle prouesse technologique.

 

Il est difficile de dire si cette machine était un simple instrument de navigation ou une création pédagogique permettant la concrétisation de données mathématiques. Elle est en tout cas la preuve qu’un trésor de connaissances peut disparaitre dans le naufrage d’une civilisation. Un simple navire comme celui-ci les porte sur la mer du temps  et de simples scaphandriers en font ré-emerger l’existence .

 

Visionner L'étrange machine d'Anticythère (réalisation JM Quiesse)

 


[1] Lysippe de Sicyone (v. -395 - v. -305) est un sculpteur et bronzier grec, portraitiste attitré d'Alexandre le Grand

[2] Henri de Vic

La Buse et son trésor perdu

J'avais vécu plusieurs années dans l'ombre de Olivier Levasseur dit la Buse, célébre pirate de l'océan Indien. Qui ne cherchait pas son fabuleux trésor soit disant enfoui sur l'ile de la Réunion ? Daniel Vaxelaire et Olivier Faure en avaient assuré la promotion et nombreux étaient les chasseurs dont le fameux Bibique. C'est Bernard Baudouin, grand spécialiste de l'orgue de Barbarie, qui a réanimé mon intérêt pour cette histoire loin d'être terminée. Car il est aussi un passionné de La Buse !

 

Avec John Taylor La Buse avait arraisonné, en 1721, la Vierge du Cap, un  vaisseau portugais chargé de fabuleuses richesse : rivières de diamants, bijoux, perles, barres d'or et d'argent, meubles, tissus, vases sacrés, cassettes de pierres précieuses. La Buse fut pendu en 1730 après avoir jeté à la foule un curieux cryptogramme en criant : "mon trésor à qui saura comprendre!"

 

Si tout le monde essaye de déchiffrer ce parchemin, une étude approfondie appuyée sur un logiciel original, à partir des écrits de Ch Johnson (De Foe) et surtout des écrits de Jacob de Bucquoy, hydrographe et cartographe, prisonnier des pirates, relance l'affaire du côté de Madagascar. Avis aux amateurs !

 

Le trésor de la Buse en video par JM Quiesse

 

Le chanteur Christian Delage chante "La Buse"

 

Jean Marie Quiesse juillet 2018

Les trente millions-or de monseigneur Jalabert

Après le trésors engloutis de la Buse ou du San José, voici, plus près de la France, l'histoire de l'or des Missions embarquée sur le paquebot "Afrique". Le 12 janvier1920, ce navire de la compagnie des Chargeurs Réunis, quitte Bordeaux pour rejoindre Dakar. En pleine tempête il subit une grave avarie de machines qui l'amène à fait route vers la Pallice. Il se remplit d'eau et prend une forte gite, empêchant la mise à l'eau des embarcations de sauvetage : à son bord 599 occupants.

 

Le 13 janvier, à 3 heures du matin, l'Afrique émet un dernier signe de vie par radio: « Je sombre! … Suis exactement entre les roches des Barges, le banc de Rochebonne et les  Baleines à la pointe de l'île de Ré. ». Il n'y aura que 36 rescapés. Parmi les disparus des religieux dont monseigneur Hyacinthe Jalabert, êvêque du Sénégal.

 Celui-ci transportait  avec lui 30 millions de francs en or qui gisent toujours au fond de l'eau.

 

Visionner Mémoires de l'Afrique documentaire de Daniel Duhand et Lionel Chaumet

 

Jean-Marie Quiesse. Octobre 2018

 

Sources

http://www.memoiresdelafrique.fr/memoiresdelafrique-histoire.html

 

https://www.sudouest.fr/2012/05/30/le-titanic-francais-oublie-728700-2780.php

 

http://www.gesteditions.com/auteurs/mornet-roland/

 

https://www.histoire-genealogie.com/Le-naufrage-de-l-Afrique

 

Que devient l'épave du San José et son trésor fabuleux

C’est finalement « à un emplacement auquel aucune fouille ne s’était intéressée » que l’épave du San Jose a été retrouvée le 27 novembre 2015, avait alors annoncé le président colombien. Ce sont des canons de bronze uniques avec des dauphins gravés qui ont permis d’identifier formellement le navire, près des îles Corales del Rosario, au large de Carthagène. « La quantité et le type de matériel ne laissent aucun doute quant à l'identité » de l'épave, a affirmé Ernesto Montenegro, chef de l'Institut colombien d'anthropologie et d'Histoire, cité par l'Agence France-Presse (AFP).

 

Le galion espagnol San Jose avait coulé au cours d’une attaque de la marine britannique au large de Carthagène en mer des Caraïbes en 1708. Son épave n’avait depuis jamais été localisée, malgré des recherches intensives. Ce navire légendaire renfermerait un trésor d’une valeur de plusieurs milliards d’euros.

C’est l’un des trésors les plus importants jamais perdus en mer. Les cales du San Jose regorgeraient de pièces d'or, 533 439 très exactement, avance un article de Grands reporters. Egalement à l’intérieur, « le bel argent extrait des mines du Potosi, 116 coffres d’émeraudes, des caisses bourrées de perles des Antilles et tous les joyaux du trésor particulier du vice-roi du Pérou », poursuit la revue. Sa valeur totale se situerait entre cinq et dix milliards de dollars (4,6 à 9,2 milliards d'euros), selon le quotidien colombien El Pais.

 

Depuis le trésor attend...

 

Source RFI la Voix du monde

L'or du Flor de Mar

L'or de Malacca est le titre du nouvel album des aventures de Harry Dickon, écrit par Renaud et Vandergaeghe. Sortant des complots extra-terrestres il nous conduit sur les traces du fameux Trésor de la Flor de Mar ou Frol de Mar. Cette caraque (Nef) était le plus robuste bateau de son époque. Commandé par le redoutable Alfonso de Albuquerque, grand pourfendeur d'indigènes, spécialiste des pillages au nom de la Couronne et de Dieu. Malacca fut sa plus belle prise.  Mais, revenant au Portugal,  la Flor de Mar, surchargée d'or et de pierres précieuses a fait naufrage quelque part dans le détroit de Malacca en 1511. Mais où ?

Un recensement précise que le trésor consistait en 200 caisses de diamants, des lions en or massif sertis de pierres précieuses et  le trône de la reine de Malacca.

 

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